FO appelle à la grève et sa reconduction à partir du 2 octobre
02 octobre 2025
Une journée qu’il faut réussir. Il faut mettre le paquet, appuyait le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, devant le CCN réuni les 24 et 25 septembre, évoquant la nouvelle mobilisation du 2 octobre décidée par l’intersyndicale face à l’absence de réponses du Premier ministre, Sébastien Lecornu, aux revendications demandant des mesures de justice sociale et fiscale.
Ce dernier annonce déjà pour 2026 des économies sur les dépenses publiques. Mettant entre autres l’État dans son viseur, il balaie l’idée même d’une suspension de la réforme des retraites de 2023 ― tandis que FO demande toujours son abrogation ―, il envisage une nouvelle réforme de l’Assurance chômage, il évacue tout retour d’un impôt sur la fortune et, a priori, toute taxation des hauts patrimoines, et il ne répond pour l’instant en rien sur d’autres dossiers.
FO, qui s’élève contre la poursuite des politiques d’austérité, appelle donc à la grève et sa reconduction, à partir du 2 octobre.
E n l’absence, après vingt et un jours, d’un nouveau gouvernement et sans détails des projets budgétaires pour 2026, un grand flou régnait encore le 30 septembre (date de bouclage de notre édition) sur les intentions du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu. Quoique. S’il indique, quant à la manière de gouverner, vouloir des rupturessur la forme, la méthode et sur le fond, il n’a pas convaincu les huit organisations syndicales, dont FO (la délégation était composée de Patricia Drevon et Pascal Lagrue), reçues le 24 septembre. Aucune réponse claire n’a été apportée à la colère des salariés, agents, demandeurs d’emploi, jeunes, retraités, a déploré l’intersyndicale qui a donc décidé d’une nouvelle journée de mobilisation, par des grèves et des manifestations, le 2 octobre. FO a proposé à l’intersyndicale d’appeler à la grève sur plusieurs jours consécutifs (les 1er, 2 et 3 octobre), ce qui a été refusé par les autres organisations, soulignait le 25 septembre la résolution générale du CCN. FO appelle pour sa part à la grève et sa reconduction, à partir du 2 octobre. Cette nouvelle mobilisation intervient quelques jours après celle du 18 septembre et l’ultimatum adressé au Premier ministre. L’intersyndicale lui demandait de présenter d’ici au 24 du mois de premières réponses aux revendications pour la justice sociale et fiscale. Et que ces réponses marquent l’abandon des mesures d’austérité (en termes de santé, pensions, prestations sociales, Assurance chômage, salaires du public…) projetées par le projet Bayrou.
Quelle rupture ?
La seule chose que l’on attend, c’est une vraie rupture, sur la politique de l’offre, sur la verticalité, martelait le 24 septembre Frédéric Souillot, reçu deux jours plus tôt par Sébastien Lecornu, auquel il a remis le cahier de revendications de FO et qu’il rencontrera encore début octobre. Le problème des finances publiques c’est d’abord le manque de recettes. Il est temps d’ouvrir la discussion sur la progressivité de la fiscalité, la contribution des grandes entreprises, des hauts revenus ou des patrimoines, ou la lutte contre l’optimisation fiscale !, appuie le secrétaire général. Le Premier ministre, qui a fait savoir le 24 septembre au soir qu’il allait solliciter la contribution des organisations syndicales sur cinq thèmes (financement de la protection sociale, réindustrialisation et souveraineté économique, conditions de travail et qualité de vie au travail, renforcement du paritarisme, modernisation du marché du travail), annonçait deux jours plus tard son projet de baisse des dépenses de l’État à hauteur de 6 milliards d’euros en 2026. Le projet Bayrou prévoyait un effort de 4,8 milliards d’euros pour l’État et 5,2 milliards pour ses opérateurs. Est annoncée aussi une prochaine réforme de l’État et un nouvel acte de décentralisation (avec modification de l’organisation territoriale). Le Premier ministre, qui réaffirme l’objectif d’un déficit public ramené à 3 % en 2029 (4,7 % en 2026, quand François Bayrou visait 4,6 %), se prononce contre une suspension de la réforme des retraites de 2023, dont FO demande toujours l’abrogation. Il évacue tout retour de l’ISF ainsi que la création d’une taxe sur les hauts patrimoines (sur le mode de celle actuellement médiatisée et consistant en une taxation annuelle de 2 % des patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros). Tandis que le Medef prévoit de tenir un meeting le 13 octobre pour s’opposer à toute hausse de la fiscalité des entreprises, Sébastien Lecornu, laconique, indique seulement pour l’instant que certains impôts augmenteront, mais d’autres diminueront. Les ultra-riches et les grandes entreprises seraient-ils encore protégés de tout effort en 2026 ?
1er octobre 2025
Valérie Forgeront
Journaliste à l’InFO militante