Les retraités disposent d'un abattement spécial de 10 % sur leur revenu imposable, une mesure instaurée en 1978 pour compenser la perte de revenu à laquelle les pensionnés font face lorsqu'ils arrêtent de travailler.
Il est donc question de trouver de nouvelles pistes de financement ou d'économies ; faut-il dès lors mettre davantage à contribtion les retraités ? Le ministre de l'économie y est favorable en déclarant notamment "rééquilibrer le niveau de vie entre les retraités et les salariés est une piste de solution qui me paraît raisonnable, mais c'est aux partenaires sociaux de se prononcer !"
Comme la capitalisation, le MEDEF est également favorable, pour le patronat, les actifs et les employeurs, surtout... déjà suffisamment de cotisations et de contributions assises sur les salaires, qui financent en grande partie la protection sociale ; il faudrait donc "faire participer les retraités à l'effort de la guerre" !
Mais le sujet est explosif, l'automne dernier, Michel Barnier, à Matignon avait proposé de décaler la revalorisation des pensions de retraite de janvier à juillet 2025, ce qui revenait à repousser l'indexation des retraites qui suit l'inflation. L'idée leur avait coûtée chère ; le gouvernement était censuré, le budget Barnier n'ayant pas été voté, les pensions ont bel et bien été revalorisées au 1er janvier.
Pour mettre à contribution les retraités, le gouvernement change de braquet, la nouvelle piste consistant à supprimer l'abattement fiscal dont ils bénéficient comme le suggère la ministre du Travail en début d'année. - pour rappel, les retraités disposent d'un abattement spécial de 10 % sur leur revenu imposable, mesure instaurée en 1978 pour compenser la perte de revenus à laquelle les pensionnés font face lorsqu'ils arrêtent de travailler. Contrairement aux allégations du MEDEF, cet abattement n'a jamais été appliqué au titre des frais professionnels pour les retraités, précise le communiuqé commun des organisations syndicales de retaités (sauf pour la CFDT ?).
Quels effets aurait la suppression de cet abattement fiscal ?
Les retraités les plus modestes verraient leu revenu disponible moins affecté par la fin de l'abattement fiscal que par un gel de la revalorisation des pensions. A l'inverse, les retraités imposables seraient davantage mis à contribution (?) par la suppression de l'abattement.
En moyenne, les ménages imposables verront leur revenu disponible amputé de 860 euros par an, dans l'hypothèse où l'abattement fiscal de 10 % serait supprimé (constatation en cas de désindexation des pensions). En fait, supprimer l'abattement revient à augmenter la fiscalité pour une partie de la classe moyenne. Ce sont des retraités, mais certains se trouvent aussi dans la classe moyenne, or le gouvernement s'était engagé à ne pas toucher à leurs impôts, argument repris par bon nombre de syndicats dont FO. De plus, cette mesure augmenterait les impôts d'un retraité sur deux et rendrait 500 000 retraités aujourd'hui exonérés, imposables !
De même, la suppression de l'abattement de 10 % modifierait le revenu fiscal de référence (RFR) qui sert au calcul du taux de CSG. Cette suppression induirait une augmentation inévitable du RFR qui sert par exemple :
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au calcul du taux de CSG (taux à 0 %, taux à 3,8 %, taux à 6,6 % et taux à 8,3 %
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à décider de l'exonération, ou pas, de la CRDS à 0,5 % et la CASA à 0,3 %
Pour la grande majorité des retraités qui font des déclarations de revenus normales, les sommes déclarées de revenus normales, les sommes déclarées vont devenir le revenu fiscal de référence (RFR).
Beaucoup de retraités subiraient la double, voir la triple peine :
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Augmentation des impôts
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Baisse de leur pension ou retraite dûe au paiement ou à la hausse de la CSG et à la non exonération de la CRDS et de la CASA suivant les taux
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Augmentation ou suppression d'aides avec comme référence le RFR
En plus de l'inégalité devant l'impôt, l'abattement avait aussi les surcoûts de frais de santé supportés par les retraités. En 1978, la loi n'imposait pas aux employeurs de financer une partie de la complémentaire santé ; c'est désormais le cas, les actifs n'assurent qu'une partie de leur complémentaire santé, les retraités, la totalité !
La suppression de l'abattement entraînerait de ce point de vue une aggravation de l'inégalité entre actifs et retraités.
Il faut rajouter à cette situation le dernier rapport du COR (Conseil d'Orientation des Retraites) publié en juin 2024, qui point un renversement des tendances. Même en imputant les loyers, le niveau de vie des retraités est désormais inférieur de 2,6 points par rapport à celui des actifs ; d'ici à 2070, il devrait continuer, de valeur comparable à celle des années 1989. En effet, depuis plusieurs dizaines d'années, les retraites ne sont plus indexées sur les salaires mais sur les prix, entraînant un taux de remplacement à la baisse. Ce choix politique a mené à une détérioration relative du pouvoir d'achat des retraités.
Pour FO, si l'État veut récupérer des marges budgétaires, ce n'est pas en paupérisant les retraités comme il le fait avec les actifs. - notamment de la fonction publique en gelant le point d'indice et l'évolution des carrières. Il faut prendre les mesures qui s'imposent en récupérant les 120 milliars d'euros d'évasion fiscale et en recréant l'ISF qui rapporterait 20 milliards d'euros par an.
L'Écho des Retraités de juin 2025