Nombre de femmes et d’hommes usés prématurément par des expositions professionnelles ne sont déjà plus en mesure de se maintenir dans l’emploi.
L’urgence du gouvernement devrait donc être d’instaurer un travail soutenable pour tous, avant de songer à reculer l’âge de départ en retraite.
Force Ouvrière refuse le recul de l’âge légal de départ en retraite annoncé par le Président de la République et par son Gouvernement, et ceci pour plusieurs raisons : déjà, aujourd’hui, il y a d’énormes difficultés de maintien dans l’emploi des séniors à la santé fragilisée, abîmés par des conditions de travail usantes.
Les métiers les plus pénibles physiquement, occupés par des employés qui ont commencé à travailler tôt, sont difficilement tenables avec des problèmes de santé.
Avec le recul de l’âge de la retraite, ce qui n’est déjà pas terrible le sera encore moins si on ne transforme pas le travail !
De plus en plus de personnes seront contraintes à sortir du marché du travail et se retrouveront dans des situations très compliquées.
Nous constatons déjà aujourd’hui, d’après les dernières analyses de la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation des Statistiques (DREES) du ministère de la santé que :
- près d’un tiers des personnes ne sont déjà plus en emploi l’année précédant leur départ en retraite, dont une majorité de femmes ;
- plus de 60 % sont des anciens ouvriers et employés ;
- un tiers est en situation de pauvreté. 29 % se déclarent en mauvais ou très mauvais état de santé.
Cette situation entraîne leur basculement dans « une trappe de pauvreté », accentué par la réforme des retraites de 2010 qui n’a pas anticipé l’impact du report d’âge.
L’intensification du travail, l’absence de reconversion ou encore la disparition des préretraites, concourent à l’exclusion des salariés âgés, peu qualifiés, trop abîmés physiquement ou psychologiquement.
Si l’âge légal de la retraite est encore repoussé, il y aura un recours encore plus fréquent aux avis d’inaptitude, avec avis de reclassement et perte d’emploi à la clé.
On retrouve le plus souvent des femmes ou des employés exposés à des contraintes physiques intenses, avec des horaires atypiques, des contraintes de rythme, avec de faibles marges de manœuvre sur l'organisation et l'aménagement des postes de travail.
Arrive souvent en tête de ces professions, celle de la fonction publique territoriale.
La crise sanitaire a permis une prise de conscience : les salariés refusent d'être corvéables à merci
Les dispositifs qui ont été mis en place pour permettre aux salariés de partir plus tôt, que ce soient le compte pénibilité, les carrières longues, les travailleurs en situation de handicap, l’incapacité permanente d’origine professionnelle, n'ont que peu atteint leurs objectifs initiaux. Tous ces dispositifs ont été verrouillés par crainte des pouvoirs publics d’une résurgence des préretraites.
Tant dans la FPH que la FPT, de nombreuses femmes sont touchées par ces phénomènes. En effet, elles présentent plus souvent des parcours professionnels hachés, du fait d’une inégale répartition des tâches parentales et domestiques. Plusieurs études mettent en évidence que les femmes subissent des configurations de travail pénibles lors de leur dernière partie de carrière. Souvent en emploi et moins souvent à la retraite que les hommes (en raison de parcours heurtés et précaires), elles doivent travailler plus longtemps, quand elles le peuvent, pour atteindre un niveau de pension un peu meilleur.
L’accès à la retraite est gage de meilleure qualité de vie, notamment pour celles et ceux exposés à des conditions de travail pénibles, même si l’effet positif de la retraite sur la santé ne résorbe pas l’effet néfaste des conditions de travail passées.
Accentuer la prévention de la désinsertion professionnelle
Ce doit être le maître mot des politiques de santé au travail, la prévention primaire, c’est-à-dire la suppression ou réduction des risques professionnels. Pour FO, cela doit devenir la priorité, comme le réclament d’ailleurs, à cor et à cri, les médecins du travail.
Pour aller vers un travail soutenable, il faut prendre en compte quatre dimensions :
La pression temporelle
La pénibilité des postures
Les horaires atypiques
Les changements permanents
Le recul de l’âge de la retraite aurait comme conséquence l’exclusion de l’emploi des séniors, éprouvés par des dizaines d’années d’activité pénible, ou à les maintenir en poste au détriment de leur santé... Enjeux de santé au travail finalement absents des considérations comptables sur la retraite.
Un travail soutenable est un travail qui permet d’apprendre et de construire sa santé
CONTRE
L’allongement de la durée du travail et au recul de l’âge de départ en retraite
POUR
Une véritable politique de médecine du travail, une amélioration des conditions de travail, une véritable politique de prévention des risques professionnels.
AU NIVEAU DE LA CNRACL, maintien des catégories actives et insalubres et révision des tableaux annexes de l’arrêté du 12 novembre 1969