Le projet de loi sur la fonction publique devait être présenté devant le Parlement à l’automne souhaitait toujours le ministre, Stanislas Guerini. Mais la dissolution de l’assemblée nationale a rebattu les cartes. Après sa présentation succincte aux syndicats le 9 avril, ce projet devait faire l’objet d’une « concertation », en seulement deux réunions bilatérales et deux multilatérales d’ici juillet. Tout est aujourd’hui remis en question. À ce jour, les sept organisations représentatives, dont FO-Fonction publique, ignorent toujours le contenu précis du projet. Pire, c’est par les médias qu’elles ont découvert au fil des semaines les intentions du ministre : sa volonté de renforcer le licenciement pour insuffisance professionnelle, de créer un intéressement ou encore de mettre le mérite, individuel et collectif, au cœur de la rémunération. C’est encore à la presse que Stanislas Guerini a confié récemment son idée de supprimer les catégories statutaires A, B et C.
Que le gouvernement « parte sur un autre projet » !
Autant dire que toutes ces attaques ont fait bondir les agents et leurs représentants. Le 21 mai, si trois des organisations ont participé à une réunion de « concertation » avec le ministre, les quatre autres, dont l’Union interfédérale FO, l’ont boycottée et ont tenu à la place une conférence de presse. « On ne participera à aucune réunion de l’agenda social tant qu’il y aura ce projet », résumait pour sa part le secrétaire général de FO-Fonction publique, évoquant les « lignes rouges » pour FO, telle celle de la suppression des catégories. « La catégorie, c’est un triptyque. Cela renvoie au concours, au diplôme et à la catégorie... C’est aussi ce qui fonde la “parité des grilles” [les mêmes indices pour les agents dont les corps professionnels appartiennent à une même catégorie, NDLR], et ce qui facilite la mobilité », rappelait Christian Grolier. Et de souligner que « même les syndicats participant à la réunion du jour au ministère ne sont pas en désaccord avec ce que l’on dit ici ». Les organisations dans leur ensemble s’inquiètent en effet de l’arrivée de mesures qui constitueraient un séisme dans la fonction publique. Pour Christian Grolier, il faut que le gouvernement « parte sur un autre projet, et avec de vraies négociations. S’il ne veut pas, il prendra ses responsabilités. Et nous, nous n’irons pas négocier ».
11 juin 2024
Valérie Forgeront
Journaliste à l’InFO militante