Bien vieillir mais... plus tard, et sans de vraies mesures de prise en charge

04 mai 2023

En pleine colère contre la réforme des retraites, une loi sur le « bien vieillir » est soumise au Parlement. Une proposition de loi portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir était au programme de l’Assemblée les 11, 12 et 13 avril. Proposition décevante pour les tenants d’une loi grand âge qu’Emmanuel Macron s’était engagé à faire aboutir dès son premier quinquennat. Elle ne satisfait même pas la députée qui devait en être la rapporteuse, Monique Iborra, de la majorité gouvernementale, laquelle a claqué la porte et décidé de ne pas voter le texte. C’est aussi une provocation pour l’Union confédérale des retraités FO : Comment expliquer que bien vieillir en France, c’est vivre plus longtemps en bonne santé, alors que le recul de l’âge de départ en retraite va aboutir à augmenter le nombre de personnes en invalidité, en arrêt maladie, en accident du travail ou en maladie professionnelle ?, s’indigne l’UCR.

La proposition de loi se fonde notamment sur les travaux du Conseil national de la refondation, instance créée en septembre 2022 comme une nouvelle déclinaison du modèle du Grand débat ou encore de la Convention citoyenne pour le climat. FO et d’autres organisations syndicales ont refusé de siéger dans ce « machin », alors qu’il existe un Conseil économique, social et environnemental.

 Il faudrait créer au bas mot 100 000 nouveaux emplois

Six des quatorze articles de la proposition de loi ont été adoptés avant que son examen soit interrompu par les vacances parlementaires : création d’une Conférence nationale de prévention de la perte d’autonomie, instauration d’un droit de visite pour les proches et d’un droit au maintien du lien social et de la vie familiale, renforcement du dispositif d’alerte sur les maltraitances, expérimentation d’une carte professionnelle pour les aides à domicile... Rien en revanche sur les créations d’emploi nécessaires à l’accueil des personnes âgées en établissement. On comptera cependant 108 000 personnes supplémentaires d’ici à 2030 selon la Drees.

Ce sont des mesurettes qui ne répondent pas aux enjeux du vieillissement de la population, indique Paul Barbier. Le secrétaire adjoint de l’UCR considère que la proposition de loi prône un virage domiciliaire, alors qu’il faudrait créer au bas mot 100 000 nouveaux emplois pour répondre aux demandes dans ce secteur. Pour FO, il faut de vraies mesures de prise en charge de la dépendance dans le cadre de l’Assurance maladie et non une cinquième branche financée par l’impôt. Le ministre Jean-Christophe Combes a de son côté annoncé que d’autres mesures ne relevant pas de la loi seraient prises début juin et que le financement de tout cela serait examiné, notamment dans le PLFSS 2024.

4 mai 2023
Sandra Déraillot
Journaliste à l’InFO militante