Le 18 septembre à Paris : cortège massif pour grande colère sociale
22 septembre 2025
Ce 18 septembre, comme sur tout le territoire, la présence massive de militants FO dans le cortège parisien illustrait cette colère et plus encore la volonté de voir aboutir les revendications. Et vite.
Ce 19 septembre, l’intersyndicale a d’ailleurs posé un ultimatum au nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu. Sans réponse de sa part aux revendications d’ici le 24 septembre, les organisations syndicales pourraient décider très rapidement d’une nouvelle journée de grève et de manifestations.
La journée de mobilisation nationale et interprofessionnelle du 18 septembre a réuni plus d’un million de manifestants dans toute la France à l’appel de huit organisations syndicales, dont FO.
Cette journée marquée aussi par des grèves dans de nombreux secteurs a réaffirmé le refus du monde du travail d’être impacté une nouvelle fois par des mesures d’austérité, à l’image de celles que le gouvernement Bayrou prévoyait pour 2026. Du gel des pensions -et des salaires dans le public- à la hausse des franchises médicales en passant par le refus de l’exécutif de solliciter, plus avant, et notamment au plan fiscal, les grandes entreprises et les hauts patrimoines ... Autant de mesures projetées, et bien d’autres, qui ont attisé la colère. Même si le vote de confiance a entraîné la nomination d’un nouveau Premier ministre -ce dernier annonçant revenir sur la potentielle suppression de deux jours fériés-, les travailleurs ont voulu faire pression sur l’élaboration du prochain projet de loi de finances, et rappeler leur revendication.
Stop à ce budget, stop à ce budget d’austérité, la copie doit être revue complètement, a résumé Frédéric Souillot,le secrétaire général de FO
alors que ce 18 septembre, jour de mobilisation nationale interprofessionnelle à l’appel d’une intersyndicale formée des huit organisations, dont FO, le cortège parisien allait s’élancer.
L’alternative ? C’est justice fiscale, justice sociale, conditionnalité des aides publiques aux entreprises. Sans oublier bien sur le retrait de la réforme qui a reporté l’âge de la retraite à taux plein à 64 ans.
Le secrétaire général rappelait ainsi au nom de FO : Nous en demandons toujours l’abrogation, car la colère des travailleurs est aussi liée au fait de ne pas avoir été entendus malgré les 14 manifestations menées en 2023.
A Paris, ce 18 septembre, le cortège intersyndical s’étirant de la place de la Bastille, à celle de la Nation, en passant par République était particulièrement dense. Illustration d’une participation massive des travailleurs, tant du secteur public que privé. Parce que nous sommes capables de nous mobiliser en nombre, d’être organisés, structurés, pour porter nos revendications tout comme nous le sommes quand nous allons négocier, indiquait Sébastien Vadé, trésorier du syndicat FO des territoriaux de Versailles.
Et le cortège FO a montré sa densité. Formé des unions départementales d’Ile-de-France, venues avec de nombreux militants représentants moult corps de métiers, et des fédérations, affichant la présence massive de syndicats, le cortège FO était donc particulièrement garni.
Du public, comme du privé, ils étaient nombreux de toutes les fédérations : Pharmacie, Chimie, Métallurgie, Education nationale (FNEC FP), mais aussi des militants, adhérents et sympathisant de la fédération générale des travailleurs de l’alimentation, des tabacs et des services annexes (FGTA-FO), ceux de la fédération de l’Equipement, de l’Environnement, des transports et des services (FEETS) ou de FO COM, ceux de la fédération des employés et cadres (FEC-FO), des agents de l’hospitalière et de la territoriale (FSPS), du secteur de l’énergie mais aussi agents de la pénitentiaire et de la justice (FAGE), d’Un1té (police). Des agents des transports, entre autre de la RATP, fortement mobilisés pour cette journée. Tous mobilisés car tous concernés. Tous pour dire non à l’austérité et oui à la justice sociale et fiscale.
Pour l’augmentation des salaires
Et en attente de la formation d’un nouveau gouvernement par le Premier ministre, Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre, les jeunes, les travailleurs –actifs et retraités- ont ce 18 septembre clairement rappelé leur refus que les politiques d’austérité perdurent. Alors qu’il y aurait d’autres possibilités, c’est toujours à nous que l’on demande de faire des efforts, alors qu’on en fait déjà toute l’année, lançait Youen Le Noxaïc, délégué syndical et secrétaire du CSE chez Orangina. Et des militants FO d’évoquer par exemple une des solutions : l’égalité des salaires entre les femmes et les hommes. Si on augmente le salaire des femmes au niveau de celui des hommes, il y aura davantage de ressources pour financer la protection sociale, observe ainsi Claude Bacca, secrétaire de l’union départementale des Yvelines, portant chapeau de paille siglé de l’UD FO sous le beau soleil qui a brillé tout au long de la journée de manifestation. Globalement, si on augmente les salaires, les recettes de la Sécu ne s’en porteront que mieux.
En matière de hausse des salaires encore, au fil du cortège, les militants soulignaient la nécessité d’augmentations générales, tant dans le public que dans de privé. Et de pointer dans les deux cas, des grilles tassées pesant sur les progressions dans la carrière, donc sur la progression salariale. Des grilles aussi dont dans certaines branches les premiers coefficients sont en dessous du Smic. Et dans le public, des premiers échelons particulièrement bas régulièrement rattrapés par le Smic, à chacune de ses revalorisations.
On travaille mais on n’arrive plus à subvenir à nos besoins, témoignait ainsi Christian du Moulin délégué syndical central chez Mc Donald. En plus, le gouvernement, maintenant démissionnaire, voulait supprimer des jours fériés, sans rémunération supplémentaire, c’est inacceptable ! Du côté des agents RATP, Bastien Berthier, secrétaire FO du pôle traction, sonnait l’alarme à propos de la précarité de trop nombreux agents : Nous avons actuellement 800 agents sans logements. C’est énorme. On parle de personnes qui vont se lever à 3h du matin pour aller travailler, ouvrir une station, conduite un métro, un bus, un RER, un tramway. Il y a un énorme problème de pouvoir d’achat et de logement en France. Le secteur de la prévention incendie et sécurité privée, aux salaires bas, est lui aussi synonyme de grande précarité. Mouhcine Mokhantar, secrétaire général du syndicat Prévention Sécurité Ile-de-France, explique ainsi : Chez nous 80 % des travailleurs sont au Smic. Le métier n’est plus attractif, nous n’arrivons plus recruter alors qu’il y a de plus en plus de besoins.
Mieux répartir les richesses
Dans le cortège parisien, nombre de retraités sont venus scander aussi leurs revendications et dire leur indignation face à la mauvaise répartition des richesses, au fait que le versement des dividendes soit de plus en plus privilégié par rapport à la hausse des salaires, à l’urgence de concevoir une fiscalité plus progressive et par ailleurs de lutter contre l’optimisation fiscale, à celle aussi de solliciter davantage, au plan fiscal et social, les grandes entreprises, et au plan fiscal, les très hauts patrimoine.
La répartition des richesses n’est pas équilibrée et ne permet pas aux travailleurs de bénéficier d’un salaire décent pour vivre, insistait le secrétaire fédéral FO Energie Serge Gianorsi, en charge de l’Union fédérale des retraités. Nous disons stop au gouvernement mais nous demandons aussi aux entreprises à travers les négociations salariales à venir des augmentations dignes de ce nom.
L’augmentation des salaires reste en effet la revendication phare pour tous. De même qu’une meilleure visibilité sur la politique industrielle, soulignait Sébastien Jacquet, administrateur représentant les salariés au CA du groupe Renault. Car si cela continue il n’y aura plus d’industrie en France. A son côté dans le cortège, un autre salarié de l’automobile, Christophe Hertz, délégué syndical central chez Renault Trucks validait cette préoccupation vis-à-vis de la politique industrielle et ajoutait le concernant une autre raison aussi à sa présence dans la manif : les inquiétudes quant au dialogue social qu’il a vu décliner sur les dernières années. Dans les entreprises, nous avons des murs en face de nous au moment des négociations. Les employeurs sont bloqués sur des augmentations collectives à 2 % et rien ne bouge. Et encore, depuis peu ils s’engagent uniquement sur des augmentations individuelles pour créer des divisions entre les salariés. »
Des moyens pour les services publics
Tout comme dans de nombreuses villes, dans cette manif parisienne, les agents publics de nombreux secteurs (de hôpital, des impôts, des écoles, collèges et lycées,...) étaient aussi très présents, avec des revendications multiples et toujours avec en tête de liste : celles portant sur l’augmentation des salaires, des moyens budgétaires et entre autres des effectifs. On manque de tout à l’AP-HP, résumaient en choeur Claire et Karine, déléguées syndicales dans le groupe public de santé. Nous faisons grève pour avoir du personnel, du matériel, des lits, pour ne pas fermer des établissements. A l’hôpital, on galère pour avoir une compresse, un médicament, les gens ne peuvent pas prendre leurs vacances, ils sont rappelés sur leurs jours de repos. Et pendant ce temps on donne des milliards pour l’effort de guerre.
Tous sont là pour refuser les mesures d’austérité. Que l’on parle des jours de carence (l’exécutif comptait les faire passer de un à trois en 2025, Ndlr), du pouvoir d’achat et de la valeur du point d’indice ou d’atteinte aux droits sociaux de l’ensemble des travailleurs, il est important de montrer notre colère par rapport à ces mesures et de soutenir nos positions, souligne Yoan Karar, secrétaire général adjoint FO Justice.
Répondre vite aux revendications
Au soir de la mobilisation, le Premier ministre a indiqué qu’il recevrait les confédérations syndicales dans les prochains jours. FO le sera le 22 septembre.
Au lendemain de cette journée de mobilisation du 18 septembre, les huit organisations syndicales entendaient maintenir la pression, visant à obtenir, notamment, l’abandon des mesures d’austérité prévues par l’ancien Premier ministre, François Bayrou, dans le cadre des projets de textes budgétaires pour 2026. Une pression visant aussi à obtenir des mesures traduisant une vraie justice sociale et fiscale. Ainsi, l’intersyndicale a averti ce 19 septembre : si le nouveau Premier ministre ne répond pas d’ici au 24 septembre aux revendications (pour une justice fiscale, des moyens pour les services publics, une conditionnalité des aides publiques, une protection sociale de haut niveau, l’abandon de la mesure d’âge (64 ans) sur les retraites, des moyens pour la transition écologique), les organisations syndicales se retrouveront pour appeler à de nouvelles mobilisations d’ampleur.