Crise à Mayotte : FO exige de l’Etat des mesures structurantes et de l’eau gratuite pour tous
11 octobre 2023
l’eau gratuite pour tous.
le compte n’y est toujours paspour l’Union départementale (UD) FO de Mayotte.
L’État doit engager des mesures structurantes, et durables, pour garantir l’accès à l’eau potable et un service public de l’eau de qualité, appuie Arkaddine Abdoul-Wassion, son secrétaire général.
le retour de (la) gestion (de l’eau) dans le cadre exclusif du service public afin d’assurer une légale répartition de l’eau potable sur le territoire.
dramatiqueà Mayotte. Ses habitants, qui vivaient depuis mai dernier au rythme des coupures d’eau potable pour en limiter la consommation, connaissent des restrictions drastiques. Pour ménager les maigres réserves jusqu’à l’arrivée attendue mi-novembre de la saison des pluies, les Mahorais sont privés, depuis septembre, d’eau potable deux jours sur trois dans la plupart des 17 communes (et les zones d’activité, soumises à des coupures nocturnes en semaine, avec une coupure de 36 heures le week-end). Le 11 octobre, dans la majorité des communes, la période d’accès à l’eau sera encore réduite, à 18h, tous les deux jours, contre 24 heures précédemment.
Le tissu économique commence à être touché. Dans le Bâtiment, qui est un secteur qui consomme beaucoup d’eau, une vingtaine de salariés licenciés ont déjà contacté l’UD FO. Dans l’hôtellerie-restauration aussi, les inquiétudes montent. Des salariés sont licenciés ou leur employeur suspend leur contrat, leur demandant de revenir quand la situation sera rétablie, constate Arkaddine Abdoul-Wassion, qui exige des solutions de long-terme donnant des perspectives, comme un engagement de l’État à construire trois usines de dessalement d’eau de mer. Une revendication portée en préfecture, dès juin, dans le cadre d’une intersyndicale avec trois autres organisations.
Nous n’avons eu aucun retour, déplore-t-il. Il y a pourtant urgence.
depuis 1997, celui-ci n’est pas seul responsable. En 2017 déjà, l’archipel de l’océan Indien a subi, plusieurs mois durant, une pénurie d’eau. A l’époque, un Plan eau a été signé entre l’État et le syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement (SIEAM), incriminé depuis pour sa gestion par la Cour des comptes.
Ce qui a été décidé en 2017 était insuffisant. Et tout n’a pas abouti, explique Arkaddine Abdoul-Wassion, qui dénonce
le sous-investissement dans les infrastructures, lesquelles sont
sous-dimensionnéespar rapport à la croissance démographique (+3,8% par an). Sans même parler de l’inefficience desdites infrastructures. 35% de l’eau sur le réseau serait perdu en raison de fuites. Étendue depuis 2017, l’unique usine de dessalement d’eau de mer ne tourne pas à plein. Annoncés en 2017, la seconde usine et la troisième retenue collinaire (ouvrage de stockage, NDLR), censée à elle seule fournir presque autant d’eau que les deux premières retenues qui procurent 80% des ressources, restent… des projets.
Alors que les besoins quotidiens en eau sont de 42 000 m3 par jour, la production atteint 38 000 m2 au maximum, en temps normal, résume le militant FO. En cette année de sécheresse historique, les deux retenues collinaires devraient être à sec fin octobre. A compter de cette date, le département disposera de moins de la moitié de ses besoins en eau, selon la préfecture. Pour tenir jusqu’à la saison des pluies, le département le plus pauvre de France ne devrait alors compter que sur ses rivières, ses eaux souterraines, la production de son usine de dessalement, celle en provenance de l’installation (temporaire) d’une unité de potabilisation d’eau douce et de la vingtaine de nouveaux forages lancés depuis septembre.
L’ensemble de la population peut être considérée comme vulnérable
Après des semaines de privation en eau potable, l’ensemble de la population peut être considérée comme vulnérable, précise Arkaddine Abdoul-Wassion. Le militant raconte les difficultés de tous pour stocker l’eau (qu’il faut de surcroît faire bouillir avant de boire), plus encore celles des travailleurs dont les horaires de travail ne correspondent pas aux plages d’ouverture des vannes. L’achat d’eau en bouteille dans les commerces de proximité indépendants n’est pas une alternative : dans les établissements qui ignorent le plafonnement des prix décidé par la préfecture, l’eau embouteillée est revendue au prix fort.
Jusqu’à 12-15 euros le pack de six bouteilles, rappelle le militant FO.
conditions de vie extrêmement difficilesdans le 101e département français, l’UD FO de Mayotte a décidé, dans le cadre d’une intersyndicale à sept organisations, de déposer un préavis de grève illimitée, courant depuis le lundi 9 octobre, 7 heures. Elle y exige
de l’eau potable et gratuite pour tout le monde, tant au domicile que sur les lieux de travail, mais aussi une
augmentation significative du taux d’indexation des salaires, une meilleure protection des agents sur leurs lieux de travail et la sécurisation des trajets pour s’y rendre. L’insécurité est une autre préoccupation quotidienne des agents et salariés, qui ajoute à la crise. Mi-septembre, après le caillassage d’une des navettes reconduisant le personnel à leur domicile, soixante-dix agents du Centre hospitalier de Mayotte (CHM) ont exercé leur droit de retrait. Avec le soutien de FO.