La pauvreté, un choix de société ?

Éditorial de Pascal Lagrue, Président de l'AFOC pour les Cahiers de septembre-octobre 2025 :

Le couperet des chiffres est tombé, implacable !

La pauvreté en France atteint un sommet inégalé depuis 1996 et jusqu'à une personne sur six est contrainte de se priver de nourriture. Derrière ce constat statistique de l'Insee et du Crédoc révélé cet été, se cache une réalité humaine intolérable : celle de près de 10 millions de vies entravées, de potentiels gâchés et d'espoirs déçus au coeur de la cinquième puissance mondiale.

Ne nous y trompons pas : cette situation n'est pas une fatalité économique, mais le symptôme d'une fracture politique et sociale. C'est le résultat de choix qui ont fragilisé le travail comme rempart contre la précarité. C'est le verdict d'un modèle où avoir un emploi ne suffit plus à vivre dignement, où l'inflation dévore les bas salaires et où les aides, aussi nécessaires soient-elle, peinent à compenser les fragilités structurelles.

Cette hausse de la pauvreté est un miroir tendu à notre société. Que dit-il de nous ?

Que nous acceptons que des familles monoparentales, des jeunes, des travailleurs et des consommateurs soient les premières victimes d'un système qui peine à répartir équitablement ses richesses.

L'heure n'est plus aux mesurettes ou aux pansements sociaux !

L'urgence est de repenser notre pacte collectif. Cela exige un courage politique fort pour garantir des salaires décents, défendre le pouvoir d'achat, luttre contre la précarité de l'emploi et investir dans les services publics qui constituent notre patrimoine commun. Il en va de notre cohésion.

Ignorer cette alarme, c'est prendre le risque d'une société durablement fracturée et la rupture du contrat social.