Au CNFPT, les dessous d’une élection

17 avril 2024

Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) choisit ce mercredi 17 avril son nouveau président pour remplacer François Deluga. Retour sur les enjeux du scrutin.

Quinze ans après son élection, presque jour pour jour, pour la première fois à la présidence du CNFPT, ­François Deluga laissera sa place « à plus jeune ». C’est son souhait, annoncé en février. Si son troisième mandat court en théorie jusqu’en 2027, il expliquait récemment à « La Gazette » vouloir l’interrompre de manière prématurée pour laisser à la personne qui lui succédera le temps de travailler le futur projet de l’établissement.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le seul à s’être porté candidat – et à avoir le total ­soutien de François Deluga – est Yohann Nédélec, élu (PS) de Brest métropole, président du centre de ­gestion du ­Finistère, et déjà administrateur du CNFPT depuis 2015. Sa candidature « n’est pas une initiative personnelle, mais le fruit d’un travail commun et de mon investissement de presque dix ans au sein de cet établissement », a-t-il communiqué quelques heures après l’annonce de la démission du président du CNFPT.

Candidature possible jusqu’à la veille du vote

Si le secteur local a jusqu’alors peu réagi publiquement, dans les coulisses, on confie qu’on ne s’attendait pas à devoir passer aux urnes si tôt. « Nous avons été surpris sans l’être, rapporte Pascal Kessler [FA-FPT, ndlr]. Nous avions bien constaté que ­François Deluga était en retrait ces derniers temps, mais il est certain que l’annonce de sa démission a été assez rapide. Ce sont ses choix. Quant à l’unique candidature de Yohann ­Nédélec, ce n’est pas inhabituel à la présidence du CNFPT. Les élus s’arrangent en amont. »

Les jeux sont-ils faits pour autant ? Une candidature est possible jusqu’à la veille de ­l’élection, souligne-t-on au CNFPT. Et les résultats peuvent surprendre. En 2009, François Deluga avait « remporté » la présidence par quinze voix contre treize données à André ­Rossinot, maire de Nancy (alors issu du Parti radical, associé à l’UMP), mais surtout ancien ministre de la ­Fonction publique (mars 1993-mai 1995).

A l’époque, le scrutin étonne dans la mesure où le bilan du mandat de l’élu sortant n’était contesté ni par les élus locaux, ni par les représentants des syndicats qui siégeaient au CA. Depuis, il n’y a jamais eu de doute sur la reconduction de François Deluga à la tête du CNFPT, trois mandats de suite. Une seule ombre au tableau en 2021 : l’Unsa a déclaré s’abstenir de siéger au CA pour soutenir le mouvement social interne ­organisé le jour même du vote.

Colonne vertébrale de la FPT

« Yohann Nédélec nous a assurés qu’il souhaitait une continuité et tenait à ce qu’un dialogue social de qualité perdure. Nous verrons cela », réagit de son côté Marie Mennella (CFDT). S’il est élu, ce dernier confirme auprès de « La Gazette » vouloir s’inscrire dans les pas de François Deluga : « Je me ­battrai pour augmenter le taux de cotisation [actuellement de 0,9 % de la masse salariale, ndlr] des collectivités au CNFPT, c’est bien le minimum, alors qu’il faut faire plus en termes de formation. » Et d’ajouter, « je me battrai aussi pour le financement pérenne de l’apprentissage dans nos collectivités ». Autre priorité : que l’établissement soit en capacité de « s’adapter aux demandes sans attendre une année sur l’autre. Qu’il soit encore plus flexible qu’il ne l’est actuellement ». Plus généralement, le candidat souhaite que le CNFPT soit considéré comme la « colonne ­vertébrale » de la FPT.

Véritablement devenir la « maison des territoriaux », c’est bien l’un des objectifs inscrits au projet d’administration 2022-2027 du centre (1). « Les collectivités ont plus que jamais besoin de mises en commun, de construction entre pairs, mais aussi d’être entendues collectivement par l’Etat. Le CNFPT est “le” lieu pour permettre tout cela », rappelle François Deluga.

FOCUS

L’institution en quelques chiffres

Le CA est composé, outre le président, de 34 titulaires et 68 suppléants. Chaque collège (organisations syndicales et employeurs) comprend un vice-président et 17 administrateurs. Il existe 103 lieux d’implantation dans 18 délégations régionales délivrant la formation des agents, et cinq instituts chargés de piloter l’offre de formation (l’Inet et quatre Inset). Le centre compte plus de 2 450 agents répartis sur le territoire et plus de 12 600 formateurs, dont 58 % territoriaux.

Côté recettes, 389 millions d’euros émanent de la cotisation des collectivités, 12,6 millions des formations payantes ; 76,1 % de ce budget général sont investis dans la formation, 8,1 % dans l’apprentissage, 6,1 % dans d’autres missions statutaires, dont l’organisation des concours et examens A + ou les dépenses du Conseil sup’.

(Source : rapport d’activité 2022, validé en CA du CNFPT, juin 2023.)

La Gazette des Communes