Colère
Nous écrivons ces lignes avec une vive émotion, en pensant à notre collègue Niccolo SCARDI, sapeur-pompier volontaire à Évian-les-Bains, victime d'une tentative de meurtre ignoble. Toujours plongé dans le coma, il incarne à lui seul la violence grandissante que subissent nos collègues sur le terrain. Cette agression insupportable ravive notre colère face à l’insécurité croissante et à l’insuffisance des réponses institutionnelles.
Justice douloureuse
Nous n’oublions pas non plus le drame du 10 août 2016, survenu lors du feu de forêt à Gabian (Hérault). Ce jour-là, quatre sapeurs-pompiers ont été pris au piège dans leur véhicule, cernés par les flammes. Les systèmes de protection qui auraient dû les préserver ont failli. Jérémy BEIER, grièvement brûlé, succombera à ses blessures après 42 jours de coma, à seulement 24 ans.
Huit ans plus tard, le tribunal correctionnel de Béziers a rendu une décision attendue mais douloureuse :
-
L’ancien directeur du SDIS est condamné à 24 mois de prison, dont 6 mois ferme, assortis de 5 ans d’interdiction professionnelle dans le domaine de la sécurité, ainsi que 10 000 euros d’amende ;
-
Le chef du service logistique écope de 12 mois de prison avec sursis ;
-
Le chef de groupe et l’officier AÉRO sont condamnés à 8 mois de prison avec sursis ;
-
Le chef de secteur est relaxé.
Ce jugement marque une étape importante. Il rappelle avec force que la sécurité des intervenants relève du droit strict et non d’interprétations souples ou évolutives. La doctrine d’emploi opérationnel engage directement la responsabilité des décideurs.
Il revient désormais aux directeurs et présidents de SIS d’en tirer toutes les conséquences dans la mise en œuvre de leur politique de sécurité opérationnelle.
Espérance (prudente)
Malgré ce contexte difficile, une lueur d’espoir subsiste. Le 14 mai dernier, la DGSCGC a présenté un document de synthèse sur la réforme de la filière des sapeurs-pompiers professionnels. Ce document, détaillant les orientations par catégorie et cadre d’emplois, fait émerger plusieurs points de consensus au sein des organisations syndicales :
- Le maintien des grades de sapeur et de caporal ;
- L’évolution du grade de sergent vers une grille indiciaire supérieure, sans reclassement en catégorie B pour certaines OS ;
- Le passage des adjudants en catégorie B ;
- Une remise en question de de l’existence de trois grades de lieutenant.
Prudente car concernant les suites possibles, il a été précisé que, au-delà de la réforme de la filière et des travaux du Beauvau de la Sécurité Civile, la question du financement des SIS reste le principal obstacle. À ce jour, aucune des mesures n’a encore reçu validation des financeurs. Ce sont donc les marges budgétaires qui détermineront quelles propositions pourront être mises en œuvre…
Lors de notre rencontre bilatérale avec la DGSCGC, FO SIS a rappelé ses revendications :
Catégorie C
Fonctions d’exécution
Maintien de 3 grades : sapeur (C1), caporal (C2), caporal-chef (C3).
Pas de modification des fonctions ou des conditions d’accès.
Mise en œuvre rapide de mesures transitoires pour permettre l’accès des caporaux-chefs au grade B.
Catégorie B
Encadrement intermédiaire
3 grades : sergent (B1), adjudant (B2), lieutenant de 2ème classe (B3).
Reclassement direct des agents concernés.
Accès au B1 par concours externe, interne, examen pro ou avancement au choix.
Avancement au sein de la catégorie uniquement au choix.
Catégorie A
Encadrement supérieur
3 grades : capitaine, commandant, lieutenant-colonel.
Reclassement direct des lieutenants de 1ère classe et hors classe en A1.
Modalités d’accès inchangées.
Maintien de l’avancement actuel.
Catégorie A+
Emplois supérieurs de direction
Aucun changement proposé.
Cette réforme est une nécessité. Mais elle ne verra le jour que si l’État et les collectivités prennent enfin leurs responsabilités et investissent à la hauteur des besoins. À l’heure où nos missions s’intensifient et se diversifient, les paroles ne suffisent plus. Nous exigeons des actes.
Le Bureau national FO SIS