L'austérité selon le Gouvernement... un désastre annoncé !

Rédigé le 04 septembre 2025

Loin de servir l’activité économique, l’obsession du Gouvernement pour la réduction des dépenses publiques risque de mener le pays vers la récession.

Il a présenté les grandes lignes budgétaires, on a vu l’objectif : réduire le déficit en 2026, puis en 2027, 2028 et ainsi de suite, et nous dire : « La fête est finie, il est temps d’éteindre les lampions » ! Le Premier ministre a asséné ses vérités : « Ceux qui demandent des crédits nouveaux, des dépenses de l’État nouvelles, ceux-là trahissent l’intérêt du pays » ! Demander des dépenses pour l’éducation, trahison ! Pour la santé, trahison ! Pour la recherche, trahison ! Pour la dépendance, trahison ! Pour la transition énergétique, trahison ! Pour les services publics, trahison ! Pour la politique sociale... TRA-HI-SON !

Si les propos du Premier ministre n’étaient pas caricaturaux, ils nous feraient sourire, mais ils sont aussi, et surtout, dangereux.

Aujourd’hui, l’enjeu est de reprendre le contrôle des comptes publics sans saboter l’activité économique ; le Gouvernement fait l’inverse en préparant une austérité pour 2026.

« Baisser les dépenses en oubliant bien sûr les recettes »

Le sempiternel discours attendu à la rentrée, mais couper dans les dépenses freine l’activité, réduit les recettes fiscales, creuse le déficit et augmente les inégalités, et surtout le Gouvernement ne recherche pas la véritable cause du dérapage des comptes publics. Depuis 2017, la baisse des prélèvements obligatoires prive le budget de l’État de 60 milliards d’euros de recettes par an (en 8 ans, 630 milliards de recettes sacrifiées pour le plus grand bonheur des contribuables les plus riches et des grosses entreprises). Par exemple, les milliardaires français jouissent d’un taux d’imposition deux fois moindre que le reste de la population. Second exemple : instaurer un impôt minimum sur les ultra-riches entrainerait mécaniquement 20 milliards d’euros de recettes nouvelles.

Le Gouvernement refuse cette voie en opposant les arguments habituels : fuite des riches, effondrement de l’investissement, apocalypse fiscale etc etc... Ces arguments sont dépassés et contredits par de nombreuses études économiques et nous mettent dans une posture « Trumpienne ». Plutôt que débattre sur les données, le Gouvernement préfère les ignorer pour camper sur des dogmes.

Cette politique de rigueur engage la France sur une voie politique et sociale périlleuse. Toutes les politiques d’austérité accroissent l’instabilité ; grèves, émeutes, violences politiques augmentent à mesure que les comptes atteignent 3 % du PIB (Produit Intérieur Brut). Les politiques d’austérité affaiblissent les institutions démocratiques, les contre-pouvoirs, la liberté d’expression et l’éthique électorale. A contrario, redistribuer vers les plus pauvres protège la démocratie.

En réalité, ce qui nous manque, c’est un gouvernement qui reconnait que la situation actuelle est le fruit d’une politique erronée, et qui décide enfin de s’attaquer au déficit par une hausse de la fiscalité, sur les bases les moins taxées, les ultra-riches notamment.

Faire de l’austérité une vertu, alors qu’elle a toujours semé l’instabilité, c’est vouloir soigner une hémorragie en saignant le malade ! Ceux qui prétendent aujourd’hui incarner la rigueur sont les premiers responsables d’un désastre budgétaire qu’ils s’acharnent à aggraver. A force de tailler dans les dépenses, ce n’est pas la dette qu’on allège, c’est le contrat social qu’on déchire !

En conclusion, le choix se prépare

Affection de longue durée, assurance chômage, jours fériés, désindexation des retraites, blocage des salaires, augmentation des franchises médicales, casse de l’hôpital public, étranglement budgétaire des collectivités territoriales etc etc... C’est un plan d’économies d’une brutalité inouïe qui est inscrit dans les 44 milliards de coupe annoncée par le Gouvernement.

Un mot d’ordre clair doit s’imposer : la mobilisation, la grève, la résistance ! L’intersyndicale interprofessionnelle qui se prépare en ce début de rentrée sociale, doit prendre - et n’en doutons pas, prendra - la décision qui s’impose pour s’opposer à cette politique budgétaire gouvernementale. C’est notre unité la plus large qui nous permettra de gagner ces combats qui s’annoncent !

La Tribune n° 404
Septembre 2025