Les vieux épargnent-ils trop ?

Rédigé le 19 décembre 2025

Les retraités actuels appartiennent-ils à une génération dorée, protégés par un système socio-fiscal français trop généreux avec eux et pesant exagérément sur les actifs ?

C’est une accusation, désormais classique, faite par certains économistes ou hommes politiques.

Pour eux, la note de conjoncture de l’INSEE publiée en juin 2025 a constitué du pain béni, longuement consacrée à l’épargne des Français, et grâce à une analyse menée sur les clients de la Banque postale dont le comportement est représentatif de la population française en général, elle révèle que « les personnes âgées de 65 ans ou plus ont contribué pour environ deux tiers de la hausse du taux d’épargne entre 2023 et 2024 ».

Pour l’INSEE, pas de doute, cette bonne santé de l’épargne des retraités a été permises par 
« la revalorisation des pensions mises en œuvre au cours de l’année 2024 » (hausse des pensions de base de 5,3 % le 1er janvier 2024 et progression des pensions complémentaires du régime AGIRC-ARRCO de 4,3 % au 1er novembre 2023). Au total, indiquant qu’en 2024 les prestations ont progressé deux fois plus vite que les revenus d’activité, en oubliant que nous sortions de plusieurs exercices de sous-indexation des pensions, l’INSEE précise par ailleurs que cet écart de rythme devrait se poursuivre en 2025, ce qui n’a pas été le cas.

Au-delà des pensions, l’INSEE montre aussi dans une autre étude récente que le niveau de vie médian des retraités a, en 2023, augmenté plus vite (+ 1,2 %) que celui de l’ensemble de la population (+0,9 %), une évolution s’expliquant « surtout par la progression des revenus du patrimoine » précise l’institut - par contre il ne mentionne pas que 36 % des retraités n’ont aucun patrimoine... 

L’INSEE toujours, indique que ces revenus dynamiques ne sont pas traduits par un surcoût de consommation. Les dépenses des retraités augmentent moins vite que leurs revenus depuis fin 2022, les plus âgés préfèrent les mettre de côté. La consommation des retraités n’a pas réagi à la forte stimulation de leurs revenus ; l’effet de la revalorisation des pensions de début 2024 sur l’activité aurait ainsi été stabilisé ?

Toujours selon l’INSEE, du point de vue macro-économique, l’épargne accumulée par les retraités ne rendra pas service à la croissance, leur bas de laine nourrissant surtout leur patrimoine pour celui de leurs descendants !

Faut-il s’en prendre directement aux retraités ? Ce serait oublier que derrière la question de l’âge se cachait des cas de figure très différents. Certes en moyenne, la situation des retraités est plutôt meilleure (leur taux de pauvreté s’élève à 11,1 % contre 15,4 % pour la majeure partie de la population) mais il est évident que les trop nombreux retraités pauvres n’ont pas le luxe de mettre de l’argent de côté ni de transmettre un patrimoine à leurs descendants, une hétérogénéité dont le Gouvernement ne tient pas compte lorsqu’il propose de désindexer toutes les pensions par rapport à l’inflation en 2025 et en sous-indexant les pensions de 0,4 % jusqu’en 2030, afin de réduire le déficit public.

Article issu de La Tribune
de décembre 2025